Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/139

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— Et Doehler ?

— Doehler s’ennuie aussi.

— Et Thalberg ?

— Thalberg cultive les provinces.

— Et Bénédict ?

— Encouragé par la vogue de sa première partition, il écrit un nouvel opéra anglais.

— Et madame Gras-Dorus ?

— Madame Gras est devenue fashionable en quelques jours ; elle a balancé la vogue des Italiens, elle chantait et partout son nom ne figurait plus sur l’affiche qu’accompagné de l’épithète de cantatrice sans égale, imprimée en très gros caractères. On dit qu’elle a été chutée ici (à Paris) à sa rentrée dans Guillaume Tell ?

— C’est vrai.

— Comment donc ? Pourquoi ?

— Voulez-vous boire un grog ?

— Non, je pars ; venez ce soir chez Hallé, nous boirons et nous ferons de la musique.

— Bon !

M. Hallé est un jeune pianiste allemand, qui a de longs cheveux, qui est grand et maigre, qui joue magnifiquement du piano, qui devine la musique plutôt qu’il ne la lit, c’est-à-dire qu’il tend à te ressembler. J’ai trouvé chez lui son compatriote M. Heller. Un talent sérieux, une intelligence musicale des plus vastes, une conception rapide, une grande habileté d’exécution, telles sont les qualités de compositeur et de pianiste que lui assurent tous ceux qui le connaissent bien, et je suis de ceux-là.

Hallé et Batta nous ont fait entendre une sonate en si