ce génie nouveau pour vous. Oui, oui, soyez-en certain, quoi qu’en disent les gens à demi-passion, à demi-science, qui n’ont que la moitié d’un cœur et un seul lobe au cerveau, il y a deux grands dieux supérieurs dans notre art : Beethoven et Gluck. L’un règne sur l’infini de la pensée, l’autre sur l’infini de la passion ; et, quoique le premier soit fort au-dessus du second comme musicien, il y a tant de l’un dans l’autre néanmoins, que ces deux Jupiters ne font qu’un seul dieu en qui doivent s’abymer (sic) notre admiration et nos respects.
LXXX.
À M. ERNEST LEGOUVÉ[1].
Paris, 9 avril 1856.
Mille joies triomphantes, mon cher Legouvé ! c’est superbe ! C’est le plus beau succès, le plus pur, le plus légitime, le plus providentiel auquel j’aie assisté de ma vie. J’ai le cœur gonflé, à en éclater… C’est si beau, un chef-d’œuvre complet ! un chef-d’œuvre interprété par une femme de génie, par une muse, et un chef-d’œuvre échappé, qui plus est, aux dangers de la traduction. Vous avez tous les bonheurs à la fois, un traducteur incomparable, une actrice sublime, un public intelligent et sensible, et une offense vengée…
- ↑ Après la représentation de Médée, avec madame Ristori.