Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/315

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Quand revenez-vous ? Bon, il semble que je m’attende à recevoir de vos nouvelles, et certes, ni Massart ni vous n’oserez m’écrire trois lignes. Je vous sais trop modestes, vous ne vous ferez pas cet honneur. J’ai chargé l’autre jour votre parrain (oh ! un parrain ! la Dame blanche ! est-ce bouffon !) de vous présenter mes hommages ; il a dû vous voir. Bertsch aussi a dû vous voir.

Je suis tout absorbé par nos répétitions du Théâtre-Lyrique. Ça va, ça va. Heureusement, vous ne serez pas encore revenus de vos terres au mois de novembre et vous ne me ferez pas le chagrin de vouloir assister à la première représentation ; car je n’aurai pas de billets à vous donner. Massart, qui est un si fameux enleveur de salles, me fera bien faute. Cela diminuera beaucoup mes chances de succès et peut me faire perdre quatre ou cinq cents représentations ; je me résigne.

Vous croyez peut-être que je vais vous dire : « Ah ! le cinquième acte !… Ah ! les adieux de Didon ! Ah ! le chœur des prêtres de Pluton ! Ah ! ceci ! ah ! cela !… » Eh bien, oui, vous avez raison, je n’ai pas la vanité de me croire modeste, moi ; j’ai, au contraire, la modestie de me croire bouffi de vanité. Eh oui, il y a tout plein de « Ah ! » Si votre crabe entendait cela, il en frémirait sous sa carapace.

Bonjour, bonjour ! Massart fait, dit-on, des chasses merveilleuses ; le bruit court qu’il a tué un chardonneret (a goldfinch). Vous qui vous piquez d’anglais, vous ne saviez certes pas le nom britannique de ce charmant oiseau.

Adieu, adieu ! La présente n’a pour objet que de vous faire savoir que je me porte fort mal ; je souhaite qu’elle vous trouve de même. Cela me consolera.