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Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/346

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Je lui ai répondu : « Arrive, et tu verras comme je témoigne bien. » Pouvais-je faire autrement ?

Il faut, pourtant, autant qu’on le peut, assister les siens dans les circonstances difficiles !

On m’a prié aussi de diriger les études d’Alceste à l’Opéra ; mais Perrin traîne tellement, pour laisser revenir le monde à Paris (comme s’il y avait un monde parisien pour Alceste !), que je vais le planter là pour quelques jours et courir à Genève ; je n’y tiens plus.

Ah ! chère madame, que c’est beau ! que c’est beau ! L’autre jour, à la première répétition d’ensemble en scène, nous pleurions tous comme des cerfs aux abois ! « C’était un homme que Gluck ! » disait Perrin. — Pas du tout ; c’est nous qui sommes des hommes. Ne confondons pas. — Taylor disait hier à l’Institut que Gluck avait plus de cœur qu’Homère. Oui, il avait plus de fibre humaine. Et l’on va faire entendre ces sublimités à tant de plats polissons ! Cela me renfonce dans mon système de l’Indifférence absolue en matière universelle, le seul raisonnable, décidément !

J’ai été fort surpris de mademoiselle Battu, qui joue et chante Alceste d’une manière sinon inspirée, du moins fort satisfaisante, et qui se perfectionne chaque jour. Villaret est un très bon Admète, et David représente on ne peut mieux le grand prêtre. Enfin, j’espère que cela ira. Vous pourriez être à Paris au mois d’octobre, à la première représentation. Tâchez.

Massart chasse-t-il, pêche-t-il, peint-il, bâtit-il ? — Ce dernier verbe-là fait pitoyablement. — Songe-t-il ?

Car que faire en ce gîte, à moins que l’on ne songe ?