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Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/372

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quand j’ai entendu cet air auquel on ne peut point donner d’épithète : « Ton amour, ô fille chérie ! »

C’est à peu près la même situation que celle que j’ai éprouvée en entendant à l’Opéra, dans Stratonice, celui de : « Versez tous vos chagrins dans le sein paternel. » Mais je n’entreprends pas de te décrire encore cette musique… (la fin manque).

À M. LESUEUR, MEMBRE DE L’INSTITUT, SURINTENDANT DE LA CHAPELLE DU ROI.

(Sans date — vers 1825 — de la Côte-Saint-André.)

Monsieur,

Depuis longtemps, j’étais tourmenté du désir de vous écrire, et je n’osais le faire, retenu par une foule de considérations qui me paraissent, à présent, plus ridicules les unes que les autres. Je craignais de vous importuner par mes lettres, et que mon désir de vous en adresser ne vous parût avoir sa source dans l’amour-propre qu’un jeune homme doit naturellement ressentir en correspondant avec un de ces hommes rares qui honorent leur pays. Mais je me suis dit : cet homme rare auquel je brûle d’écrire trouvera peut-être mes lettres moins importunes si l’art sur lequel il répand tant d’éclat en est la matière ; ce grand musicien a bien voulu me permettre de suivre ses leçons, et, si jamais les bontés d’un maître, la reconnaissance et l’amour filial de ses élèves lui ont acquis sur eux le titre de père, je suis du nombre de vos enfants.