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Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/46

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devoir de vous prier de vouloir bien accepter, comme un hommage de ma part, vingt mille francs qui vous seront remis sur la présentation de l’incluse. Croyez-moi toujours votre affectionné. »Nicolo Paganini. »

Voici la réponse de Berlioz :

« O digne et grand artiste,

»Comment vous exprimer ma reconnaissance !!! Je ne suis pas riche, mais, croyez-moi, le suffrage d’un homme de génie tel que vous me touche mille fois de plus que la générosité royale de votre présent.

»Les paroles me manquent, je courrai vous embrasser dès que je pourrai quitter mon lit, où je suis encore retenu aujourd’hui. »H. Berlioz. »

Jules Janin, un ami de la première et de la dernière heure, écrivit de son côté la lettre qu’on va lire[1] :

« Cher Berlioz,

»Il faut absolument que je vous dise tout mon bonheur en lisant ce matin cette belle et bonne lettre de change et de gloire que vous recevez de l’illustre Paganini. Je ne vous parle pas, je ne parle pas seulement de cette fortune qu’il vous donne, trois années de loisir, le temps de faire des chefs-d’œuvre, je parle de ce grand nom de Beethoven par lequel il vous salue. Et quel plus noble démenti à donner aux petits-maîtres et aux petites-maîtresses qui n’ont pas voulu reconnaître votre Cellini comme le frère de Fidelio ! Donc, que Paganini soit loué comme le méritent ses belles actions, et qu’il soit désormais inviolable ; il a été grand et généreux pour vous, plus généreux que pas un roi, pas un ministre, pas même un artiste de l’Europe, les véritables

  1. Gazette musicale, année 1838.