Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/50

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Journal des Débats du 15 mars 1869, Jules Janin s’y avoue coupable du méfait dont un innocent, pendant un quart de siècle, a été victime :

« Certains critiques ont reproché à Berlioz d’avoir mal parlé d’Hérold et du Pré aux Clercs. Ce n’est pas Berlioz, c’est un autre, un jeune homme ignorant et qui ne doutait de rien en ce temps-là, qui, dans un feuilleton misérable, a maltraité le chef-d’œuvre d’Hérold. Il s’en repentira toute sa vie. Or cet ignorant s’appelait (j’en ai honte !) il faut bien en convenir… Monsieur, Jules Janin. »

Malgré cette déclaration formelle, on trouvera encore des obstinés qui parleront avec horreur du feuilleton sur le Pré aux Clercs.

Mais Berlioz n’aimait pas Mozart ?

Il ne l’aimait pas ?… Nous allons citer ses propres paroles au sujet d’Idoménée : « Mozart… Raphael !… Quel miracle de beauté qu’une telle musique ! comme c’est pur ! quel parfum d’antiquité ! C’est grec, c’est incontestablement grec, comme l’Iphigénie de Gluck, et la ressemblance du style de ces deux maîtres est telle dans ces deux ouvrages qu’il est vraiment impossible de retrouver le trait individuel qui pourrait les faire distinguer[1]… » En fouillant dans la collection du Journal des Débats, nous rencontrerions bien d’autres témoignages de la fausseté des sentiments attribués au réformateur musical que M. Ingres et bien d’autres considéraient comme un monstre : immanissimum et foedissimum monstrum. Une fois pour toutes, établissons que Berlioz ne prétendait nullement au rôle que certains compositeurs ont tenu depuis. Il ne se vantait pas d’être le seul de son espèce et ne croyait point qu’avant lui, la musique fût une science ignorée, ténébreuse, inculte ; loin

  1. Gazette musicale, p. 39, année 1836.