Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/66

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à Berlioz, n’est-ce pas ? Vous avez beau ne pas vous entendre avec lui, vous savez aussi bien que moi que c’est un musicien… — Un grand musicien certes (et le petit Adam rajusta ses lunettes sur son nez), un très grand, très grand… Seulement, il fait de la musique ennuyeuse ; s’il voulait, il en ferait d’autre… il en ferait tout aussi bien que moi !… »

Ce fut une scène digne de Molière[1].

« Mais, parlant sérieusement, dit Adam, Berlioz est un homme d’une grande valeur. Je vous donne l’assurance, que, après Clapisson, auquel nous avons tous déjà promis, Berlioz aura le premier fauteuil vacant. »

L’institut nomma Clapisson.

Hélas ! bizarrerie du sort : Adam mourut. Le pays fit une grande perte. Le premier fauteuil vacant fut le sien et ce fut Berlioz qui l’occupa. Il fut élu par dix-neuf voix contre six données à Niedermeyer, six à Charles Gounod et deux à Panseron. MM. Leborne, Vogel et Félicien David s’étaient présentés aussi. Ce dernier échec de Félicien David contre Berlioz rendit Azevedo, ce critique de mauvais aloi, furieux contre Berlioz[2].

De 1856, année où nous sommes arrivés, à 1863, année des Troyens, nous ne distinguons pas dans la vie du compositeur un grand nombre d’événements importants. Il organise, chaque année, un festival à Bade ; il y fait représenter son ravissant opéra de Béatrice et Bénédict ; la jeunesse de la ville de Gior (en allemand : Raab) lui envoie une adresse de félicitation ; les artistes du Conservatoire de Paris lui font une ovation, peu de temps après le Tannhäuser ; le Grand-Théâtre de Bordeaux s’avise de jouer

  1. Renseignements communiqués par M. Édouard Alexandre.
  2. Gazette musicale, année 1856, p. 202.