Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/84

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Que faites-vous ?… Il n’y a toujours point de musique, n’est-ce pas, dans ce bruyant Paris ?… Avez-vous fini vos trios ?… Feydeau est-il enfin fermé ?… l’opéra de Meyerbeer est-il en répétition[1] ?… Saluez-le, je vous prie, de ma part, quand vous le verrez (Meyerbeer ! ma phrase est si mal tournée, que vous pourriez croire que c’est son opéra que je veux dire).

Nous allons avoir la guerre !… On va tout saccager ; des hommes qui se croient libres vont se ruer contre d’autres hommes qui sont certainement esclaves ; peut-être les hommes libres seront-ils exterminés, les esclaves seront-ils maîtres ; puisse toute l’Europe s’épuiser en cris de rage, tous ses enfants s’entr’égorger, le fer et le feu triompher, la peste régner, la famine ronger ; puisse Paris brûler, pourvu que j’y sois et que, la tenant dans mes bras, nous nous tordions ensemble dans les flammes !

Voilà mes vœux sincères et le bien que je souhaite à l’espèce humaine. Quand je serai heureux, ce sera tout différent ; je laisserai l’espèce humaine tranquille, et elle ne s’en tourmentera pas moins.

Assez grincé des dents. Voulez-vous, je vous prie, aller chez Desmarest, rue Monsigny, nº 1, près de l’Opéra-Comique, lui dire mille amitiés de ma part, le charger de cinq cents autres pour Girard, et lui demander s’il n’a point eu de lettre à mon adresse ; il s’était engagé à les prendre chez mon portier.

Blasphémez un peu à mon intention, je vous prie, j’en

  1. Robert le Diable, dont la première représentation eut lieu le 21 novembre de la même année.