Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/85

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éprouverai du soulagement, et je vous rendrai la pareille quand vous voudrez.

Adieu ! les cœurs de lave ne sont durs que quand ils sont froids, le mien est rouge fondant. Je suis toujours votre ami dévoué.

Mettez, je vous prie, cette petite lettre à la poste.


VI.

AU MÊME.


La Côte-Saint-André, 23 janvier 1831.

Je viens de faire à Grenoble un insipide voyage, passant la moitié de mon temps malade au lit, l’autre moitié à faire des visites plus assommantes les unes que les autres ; j’arrive hier après avoir passé une dévorante journée sans dire un mot. Mon père, qui venait d’apprendre mon état par ma mère, m’embrasse en souriant et me dit qu’il y avait une lettre de Paris pour moi ; j’ai compris à son air que c’était de madame… ; effectivement, c’était une lettre double ; je suis redevenu calme ; j’étais aussi ravi que je puisse l’être dans un si exécrable exil. Ne faut-il pas que votre lettre arrive aujourd’hui pour troubler ma tranquillité ? que le diable vous emporte ! Qu’aviez-vous besoin de venir me dire que je me plais dans un désespoir dont PERSONNE ne me sait gré, « personne moins que les gens pour qui je me désespère ».