— L’Empereur a semblé surtout ému de voir l’endroit de ma maison où se sont reposées avant lui la reine Hortense et l’Impératrice Joséphine.
— Ces souvenirs, qu’il ne s’attendait pas à trouver dans cette solitude, ont dû le toucher en effet. Et il est venu chez vous à pied, par une telle chaleur ?
— Oui, Mesdames.
— Sa Majesté vous a complimenté aussi sur votre lait ? Il est excellent.
— L’Empereur ne l’a pas goûté.
— Comment ! vous ne lui en avez pas présenté ?
— J’étais si bouleversée que je n’y ai point songé. Il m’a pourtant demandé si nous avions des vaches…
— Eh bien ! c’était clair cela !
— Hélas ! oui, j’y pense maintenant, il avait soif, c’était une façon détournée de me le faire entendre, et il n’a pas osé me demander du lait… Mon Dieu, que je suis honteuse ! c’est indigne de ma part. Mais il m’a promis de revenir, et je lui ferai bien des excuses.
— S’il revient, comptez que l’Empereur fera cette fois apporter des rafraîchissements, qu’il prendra à votre barbe sur l’herbe, puisque sur cette table inhospitalière vous ne lui avez pas seulement offert une tasse de lait. »
Après avoir ainsi tourmenté la conscience de notre pauvre hôtesse et osé écrire sur son album quelques vers auxquels elle a répondu par un sonnet tout entier deux jours après, nous sommes redescendus sans encombre, sans trop de fatigue et sans nous égarer cette