Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/254

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Il faut en prendre votre parti et ne pas trop vous brûler la cervelle, si vous en avez, pauvres millionnaires !




Heur et malheur.


Il y eut au siècle dernier une cantatrice adorée, parfaitement inconnue aujourd’hui. Elle se nommait Tonelli. Fut-elle une de ces éphémères immortelles, fléaux de la musique et des musiciens, qui, sous le nom de prime donne ou de dive, mettent tout en désarroi dans un théâtre lyrique, jusqu’au moment où quelque homme d’acier fin, compositeur ou chef d’orchestre, se met en travers de leurs prétentions, et, sans efforts ni violence, coupe net leur divinité ? Je ne crois pas. Il semble, au contraire, à en juger par ce qu’ont dit d’elle Jean-Jacques Rousseau et Diderot, que cette cantatrice italienne ait été une gracieuse et simple fille, pleine de gentillesse, dont la voix avait tant de charme, qu’à l’entendre dans ces petits opéras vagissants qu’on appelait alors opere buffe, les hommes d’esprit de ce temps-