Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/29

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jouer en fa ! — Non, monsieur, c’est bien la symphonie désignée ! — Recommençons. » Nouvelle discordance, nouveau temps d’arrêt. « Mais c’est impossible, envoyez-moi votre partie. » On me fait passer la partie des clarinettes : « Parbleu ! la cacophonie s’explique. Votre partie est écrite en fa, à la vérité, mais pour des clarinettes en la, et votre fa, en ce cas, devient l’unisson de notre . Vous vous êtes trompés d’instrument. — Monsieur, nous n’avons que des clarinettes en ut. — Eh bien, transposez à la tierce inférieure. — Nous ne savons pas transposer. — Alors, ma foi, taisez-vous. — Ah ! par exemple ! nous sommes membres de la société, et nous avons le droit de jouer comme tous les autres. »

À ces mots incroyables, laissant tomber mon bâton, je me sauvai comme si le diable m’emportait, et jamais depuis lors je n’entendis parler de ces philharmoniques.




Un virtuose couronné.


Un roi d’Espagne, croyant aimer fort la musique, se plaisait à faire sa partie dans les quatuors de Boccherini ; mais il ne pouvait jamais suivre le mouvement d’un morceau. Un jour où, plus que de coutume,