Page:Berlioz - Traité d’instrumentation et d’orchestration.djvu/173

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Ces divers exemples, et d’autres encore que je pourrais citer, me semblent admirables sous tous les rapports. Beethoven, Gluck, Weber et Spontini ont ainsi fait un usage ingénieux autant qu’original et raisonnable de la petite flûte. Mais quand j’entends cet instrument employé à doubler à la triple octave le chant d’une Basse taille, à jeter sa voix stridente au milieu d’une harmonie religieuse, à renforcer, à aiguiser, pour l’amour du bruit seulement, la partie haute de l’orchestre, du commencement à la fin d’un acte d’Opéra, je ne puis m’empêcher de trouver ce mode d’instrumentation d’une platitude et d’une stupidité dignes, pour l’ordinaire, du style mélodique auquel il est appliqué.

La Petite flûte peut être d’un heureux effet dans les passages doux, et c’est un préjugé de croire qu’elle ne puisse jouer que très fort. Quelquefois elle sert à continuer l’échelle haute de la Grande flûte, en succédant à celle-ci au moment où les notes aiguës vont lui manquer. Le passage de l’un à l’autre instrument peut être alors aisément ménagé par le compositeur, de manière à ce qu’il semble qu’il n’y a qu’une seule flûte d’une étendue extraordinaire.

EXEMPLE.

\language "italiano"

upper = \relative do''' {
\override Rest #'style = #'classical
\time 4/4
\clef treble 
r1 | r8 la8-.[ si-. do-.] re-.[ red-. mi-. fa-.] | sol4 r4 r2  \bar "||"
}%upper

lower = \relative do''' {
\override Rest #'style = #'classical
\time 4/4
\clef treble 
sol8-._\p[ la-. si-. do-.] re-.[ red-. mi-. fa-.] | sol r8 r4 r2 | r1 \bar "||"
}%lower

\score {
<<  
  \new ChoirStaff \with {
    instrumentName = \markup { \fontsize #-3 "PETITE FLÛTE." }}
   \upper
  \new ChoirStaff \with {
    instrumentName = \markup {\fontsize #-3 "GRANDE FLÛTE." }}
\lower
>>
\layout{
  indent = 1.5\cm
  line-width = #120
  \set fontSize = #0
} %layout
} %score
\header { tagline = ##f}

Un exemple charmant de ce stratagème se trouve dans une phrase exécutée Pianissimo sur une tenue grave des instruments à cordes, au premier acte de l’opéra Le Dieu et la Bayadère, d’Auber.

On se sert avantageusement dans les musiques militaires, de trois autres flûtes qui pourraient être aussi d’un grand secours aux orchestres ordinaires ; ce sont :

1o . La flûte tierce (dite en Fa) dont l’Ut fait Mi et qui doit, en conséquence de ce que nous avons dit en commencant ce chapitre, être rangée parmi les instruments transpositeurs en Mi. Elle est exactement à la tierce mineure au dessus de la flûte ordinaire, dont elle ne diffère qu’en cela et par son timbre plus cristallin.

EXEMPLE.

\language "italiano"

\relative do''' {
\override Rest #'style = #'classical
\time 4/4
\key sib \major
\clef treble 
\partial 8 fa8\( | mi8[  fa sol fa]\) mib[\( re do sib] | la4\) r4  \bar "||"
}

\header { tagline = ##f}
\paper {
  indent = 0
  line-width = #120
}
EFFET.

\language "italiano"

\relative do''' {
\override Rest #'style = #'classical
\time 4/4
\key reb \major
\clef treble 
\ottava #1 \set Staff.ottavation = \markup { \concat { 8 \super a }}
 \partial 8 lab'8\( | sol8[ lab sib lab]\) solb[\( fa mib reb] | do4\) \ottava #0 r4  \bar "||"
}

\header { tagline = ##f}
\paper {
  indent = 0
  line-width = #120
}

2o . La petite flûte neuvième mineure (dite en Mi ) dont l’Ut fait et que nous rangeons donc parmi les instruments transpositeurs en . Elle est d’un demi-ton plus élevée que la petite flûte octave ; et il faut la traiter comme celle-ci :