sculpteurs. L’important était qu’ils ne fussent paé
musiciens. Ils avaient voix délibérative et se
trouvaient là pour juger d’un art qui leur est
étranger. On entendait successivement toutes
les scènes écrites pour l’orchestre, comme
je l’ai dit plus haut , et on les entendait réduites
par un seul accompagnateur, sur le piano !
(Et il en est encore ainsi à cette heure ! )
Vainement prétendrait-on qu’il est possible
d’apprécier à sa juste valeur une composition
d’orchestre ainsi mutilée ; rien n’est plus éloigné
de la vérité. Le piano peut donner une idée de
l’orchestre , pour un ouvrage qu’on aurait déjà
entendu complètement exécuté ; la mémoire alors
se réveille , supplée à ce qui manque, et on est
ému par souvenir. Mais pour une œuvre nouvelle,
dans l’état actuel de la musique , c’est impossible.
Une partition teWeqne Y GEdipe, de Sacchini,
ou toute autre de cette école, dans laquelle
l’instrumentation n’existe pas, ne perdrait presque
rien à une pareille épreuve. Aucune composition
moderne, en supposant que l’auteur ait
profité des ressources que l’art actuel lui donne,
n’est dans le même cas. Exécutez donc sur le
piano la marche de la Communion, de la messe
du sacre, de Chérubini ? Que deviendront ces
délicieuses tenues d’instruments à vent qui vous
plongent dans une extase mystique ? ces ravissants
enlacements de flûtes et de clarinettes, d’où
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