Page:Bernède - La Ville aux illusions, 1936.djvu/104

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— Mieux, merci… Vous voyez, je marche comme une grande fille… Comme vous êtes gentil d’être venu ! Mais, entrez donc…

Il traversa le minuscule vestibule noir, et entra dans la chambrette.

C’était une bien modeste mansarde, qui s’ouvrait sur tes toits. Un lit de fer étroit, une table sur laquelle il y avait une cuvette et un pot-à-eau, un porte-manteau accroché au mur… Une petite table au milieu, deux chaises, un fourneau à pétrole dans un coin sur une étagère, avec deux ou trois assiettes… composaient l’ameublement misérable. Mais on sentait qu’avec ces ressources si piètres, la jeune fille avait voulu quand même faire quelque chose de coquet. La plus méticuleuse propreté y régnait : une cretonne fleurie drapait le petit lit et recouvrait la penderie ; un petit pot de bégonia fleurissait la table et du papier de couleur gaie garnissait les étagères.

— Que je suis contente de vous voir ! répétait Marcelle. Asseyez-vous. J’espère que vous, vous allez tout à fait bien ?

— Tout à fait, merci.

Ils s’étaient assis l’un en face de l’autre, de chaque côté de la table, et, brusquement, restèrent silencieux, ne sachant trop comment commencer la conversation. Enfin, Marcelle rompît le silence :

— Avez-vous repris vos études ? Êtes-vous satisfait ?

Jean secoua la tête.

— Non, fit-il, amèrement. Je n’ai rien repris du tout.

Elle ouvrit de grands veux.

— Non ?

— Si. J’ai renoncé à tout.

— Vous ne voulez plus être avocat ?

— Non.

— Pourquoi ?

— J’étais trop en retard… J’ai vu qu’il me serait impossible de me rattraper… Et j’ai compris que je ne pouvais imposer à mes parents tant de sacrifices pendant si longtemps.