Page:Bernède - La Ville aux illusions, 1936.djvu/108

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— Je tâcherai… Vous m’avez donné beaucoup de courage…

— Tant mieux ! J’en suis heureux…

— Quand reviendrez-vous ?

— Dans deux ou trois jours, peut-être… Il ne faut pas qu’on me voie trop souvent ici, car je vous compromettrais aux yeux de votre concierge…

— Ça m’est bien égal !

— Non, il ne le faut pas… Soyez patiente, petite amie. Tenez… vous allez me permettre de partager ça avec vous…

Il avait tiré son porte-monnaie. Elle fit un geste offusqué.

— Ah ! non ! Jean ! Ça, jamais !

— Tranquillisez-vous ! Ce ne sera pas un billet de mille, fit-il en riant. Mais vous allez être gentille et accepter la moitié de ce que j’ai…

— Non, non, vous dis-je ! Merci mille fois encore, vous êtes trop bon, mais…

— Il n’y a pas de « mais », ou je prends ma grosse voix. D’ailleurs, c’est bien simple : si vous n’acceptez pas, je vous promets que je ne reviens plus !

— Vous ne feriez pas ça ?

— Je ne ferai pas ça ? Vous le croyez, vous ? Eh bien ! vous verrez !

— Jean, je vous en prie…

— Oh ! Marcelle ! Taisez-vous, et regardez de l’autre côté !

— Vous êtes terrible ! Mais…

— Laissez ce mot-là de côté ! Je le déteste ! C’est toujours un empêcheur de faire ce qui vous plaît !

Tout en parlant, il avait vidé sa monnaie sur la table et l’avait comptée.

— Trente-et-un francs quarante-cinq ! La moitié fait combien, jeune fille ?

— Quinze francs… heu… et… et… attendez…

— Bah ! c’est trop difficile ! Je garde quinze francs ; le reste, ce sera pour vous…