Page:Bernède - La Ville aux illusions, 1936.djvu/119

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— Elle travaille chez elle…

— À quoi ?

— À la machine à écrire, donc ! Elle en loue une, et une maison lui confie des enveloppes pour écrire des adresses.

— Ça rapporte, ce truc-là ?

— Pas d’une façon merveilleuse, pensez donc ! Trois francs le cent. ! On ne peut en faire davantage par heure… Et encore, en travaillant dix heures Par jour, on arriverait à peu près à joindre les deux bouts… Mais la maison n’en donne guère plus de quatre ou cinq cents à faire dans la journée… Bien souvent moins… Enfin, c’est mieux que rien… Je lui ai raconté que je me trouvais sans situation moi non plus… Elle a été très gentille, elle m’a offert de l’accompagner chez ces gens-là. Elle m’a présentée, recommandée. Enfin, je suis engagée. Je dois commencer sitôt que j’aurais une machine.

— C’est vrai ! Il faut louer une machine !

— Évidemment. On peut s’en procurer à trente francs par mois. Je me suis déjà informée. La difficulté — la grosse difficulté pour moi, c’est qu’il faut payer le premier mois d’avance…

— C’est-à-dire trente francs…

— Oui. Ça m’ennuie beaucoup de solliciter encore quelque chose, Jean, après tout ce que vous avez fuit pour moi… Mais je n’en ai pas le premier sou, vous le savez… puisque je vis grâce à vous… Cependant, je veux vous demander si vous pouvez me faire ce prêt… Car, bien entendu, c’est un prêt ! J’entends vous le rendre, ainsi que tout ce que vous avez dépensé pour moi, ces jours-ci…

— Non ! non ! ne parlez pas de ça… Je suis tout disposé à vous aider, ma petite Marcelle, vous le savez bien… Mais franchement, ce n’est pas grand’chose, cela !

— C’est très peu… Quand j’aurai retiré des quatre cent cinquante francs maximum que je peux me faire mensuellement, la location de la machine…