Page:Bernède - La Ville aux illusions, 1936.djvu/122

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Il se leva et s’approcha d’elle :

— Merci, ma petite Marcelle, dit-il en lui prenant la main. C’est tout ce que je voulais savoir… Maintenant, je vous dis encore : voulez-vous retourner avec moi à Gréoux… J’ai cru d’abord que vous ne pouviez vous passer de Paris…

— Me passer de Paris ? s’écria-t-elle avec feu. Pourquoi Paris me serait-il indispensable ? Je n’y ai trouvé que misère et souffrance !

— Moi aussi… La capitale n’est pas faite pour nous, ma petite amie… Revenez avec moi ; la terre nous appelle… Une famille vous y attend…

— Une famille ? balbutia-t-elle, troublée. Laquelle ? Que voulez-vous dire, Jean ?

— La mienne, si vous le voulez bien, Marcelle… si vous consentez à devenir ma femme… dit-il doucement, en se penchant vers la luxuriante chevelure d’or, qu’il effleura d’un baiser léger.

Elle jeta un cri et se cacha la figure dans les mains.

— Oh !… ce n’est pas possible ! Vous voulez plaisanter, n’est-ce pas ?

— On ne plaisante pas avec de pareils sujets, répondit-il gravement. J’ai compris que je vous aime, Marcelle… Vous êtes la compagne sûre, aimante, fidèle, que je désirais… Vous serez pour ma mère la fille qu’elle espère… qu’elle attend… Mais, qu’avez-vous ?

Il se pencha sur les minces épaules, secouées de sanglots.

— Ne… ne faites pas attention, Jean… balbutia-t-elle. Je… je suis si heureuse !

— Vous m’aimez donc un peu ?

— Beaucoup !

— Et vous me suivriez ?

— Jusqu’au bout du monde !

Il la saisit dans ses bras et exécuta avec elle une valse effrénée qui eut le don de changer les larmes d’émotion en rires nerveux.