Page:Bernède - La Ville aux illusions, 1936.djvu/123

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— Jean ! grand fou ! vous allez me faire tomber !

— Pas de danger ! Je vous tiens… je vous garde ! Ma petite Marcelle chérie ! Nous allons retrouver le vieux village !

— Les champs… les bois…

— Vous aiderez maman à traire les vaches !

— Pendant ce temps, vous irez avec votre père surveiller les ouvriers !

— Je vous cueillerai des bouquets, et j’irai chercher pour vous des myrtilles au bois du Gossédou !

— Je sais très bien faire les chaussons aux pommes !

— Bravo ! Vous en cuirez tous les dimanches !

— Au feu, les enveloppes !

— À la Seine, la librairie Bruneau !

— Quand partons-nous ?

— Mais, je ne sais pas… Quand vous voudrez !

— Le plus tôt possible ! Pourtant, il faut écrire à papa et à maman Gardin… Vite ! du papier ! des enveloppes !

La jeune fille courut chercher tout ce qu’il fallait. Jean tira une chaise devant la petite table, trempa la plume dans l’encre, et tandis que Marcelle, tout près de lui, suivait les caractères qu’il traçait, commença :


« Cher papa, chère maman,

« Je vais vous annoncer une grande nouvelle ! Décidément, je ne puis m’habituer à la vie de Paris… Le grand air des champs me manque et aussi la vie de chez nous… J’étouffe, ici… Je retourne au pays pour ne plus le quitter jamais, et, si papa veut, je le seconderai dans la culture des terres… Ce sera, j’ose m’en flatter, une aide appréciable pour lui, car j’ai deux bras solides, une bonne volonté à toute épreuve et je ne refuse jamais la besogne… Mais, comme j’ai peur que