Page:Bernède - La Ville aux illusions, 1936.djvu/125

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porcherie, l’étable, l’écurie, sans compter un grand grenier qui servait de réserve à fruits et à grains…

Maintenant, le jeune maître allait partir. Le père Gardin qui se reposait sur son fils de la plus grande partie de la surveillance, allait reprendre pendant un an les guides de la maison…

Pour l’instant, il attelait lui-même Marquise, la jument, à la carriole, comme il l’avait fait, un an et demi plus tôt, lorsqu’il avait été accompagner Jean à la gare, quand il était parti pour Paris…

Bien des événements s’étaient passés depuis ce temps-là ! En ajustant les courroies, le vieux paysan se rappelait cette matinée d’automne… Il avait le cœur gros, car il croyait bien son « fieu » perdu pour la terre pour toujours… Mais, d’un autre côté, il ne fallait pas l’empêcher de suivre son idée… Il aurait pu lui en faire reproche plus tard…

Le petit avait changé d’avis de lui-même : tant mieux ! car le bonhomme estimait, peut-être à juste titre, qu’il n’est pas de plus beau métier que celui de paysan…

Pendant ce temps, quelques voisins étaient entrés dans la grande salle où Marcelle et maman Gardin achevaient les derniers préparatifs. Jean, lui, terminait son déjeuner : un grand bol de café au lait lesté de plusieurs tartines… Ah ! elles étaient loin, les minuscules tasses de café noir bues le matin en guise de premier repas ! Il avait retrouvé son magnifique appétit de beau gars sain, et à la ferme, on pouvait manger sans crainte de compromettre le budget…

Juste à l’instant où il terminait, une grande ombre noire se dessina dans le soleil matinal.

— Bonjour, monsieur l’abbé ! s’écria le jeune homme en se levant. Viendriez-vous casser la croûte avec nous, par hasard ?

— Non, mon petit ! C’est fait ! Bonjour à tout le monde ! ajouta-t-il en se tournant vers les deux femmes qui terminaient la valise du futur soldat.