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LA VILLE AUX ILLUSIONS

de reposer enfin dans un bon lit sa tête bourdonnante… Aux bagages, il dut attendre sa malle. Un employé la lui remit avec un petit sourire ironique. Le fait est que la pauvre vieille malle faisait triste raine, avec sa couverture bombée et poilue, à côté des autres ! Mais Jean était trop fatigué pour s’en apercevoir. Comme en un rêve, il la fit charger sur un taxi.

— Où faut-il vous conduire, mon prince ? demanda le chauffeur.

— Y a-t-il près d’ici un petit hôtel modeste, mais convenable ? demanda le jeune homme.

— Attendez ! je vois ce qu’il vous faut ! Je vais vous mener à l’Hôtel des Deux-Couronnes. C’est propre et gentil. Vous en serez content !

L’auto démarra. Abruti, Jean vit défiler autour de lui le flot incessant de Paris, les gigantesques autobus, les taxis bourdonnants comme des mouches, les lumières qui passaient dans de grandes avenues éclairées comme en plein jour…

L’hôtel des Deux-Couronnes était un établissement de troisième ordre, mais d’aspect propret. On débarqua la malle et le jeune provincial fut conduit dans une petite chambre nette et modeste.

— Elle donne sur la cour, expliqua l’hôtelier, un gros homme apoplectique et réjoui. Mais, vous dormirez mieux.

Jean balbutia un remerciement. Ses yeux se fermaient malgré lui.

— Avez-vous dîné ? demanda son hôte.

— Oui ! dit-il. Je vais me reposer…

— Alors, bonne nuit, monsieur !

Le gros homme se retira.

En un tour de main, le jeune homme se déshabilla et se glissa entre les draps qui lui parurent délicieusement frais… Dix minutes plus tard, la future gloire du barreau donnait à poings fermés.