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LA VILLE AUX ILLUSIONS

— De la pari de Monsieur Jean Gardin.

— Veuillez entrer.

Au passage, il se sentît dévisagé, puis inspecté des pieds à la tête. De toute évidence, son aspect n’imposait pas au domestique une obséquiosité exagérée.

Il le fit entrer d’abord dans un vestibule carrelé de marbre blanc, orné de colonnes et de statues. Au fond, un grand escalier de marbre blanc également, disparaissait vers les étages supérieurs.

Le valet ouvrit une porte vitrée, voilée de longs rideaux de tulle.

— Je vais voir si Madame et Monsieur peuvent vous recevoir. Avez-vous une carte de visite ?

— Non. Jean avait oublié ce détail indispensable. Il dut avouer, penaud, qu’il ne possédait rien de semblable. Il ajouta :

— Vous annoncerez M. Jean Gardin, de Gréoux.

L’autre disparut, tandis que le jeune garçon se gourmandait de son manque de prévoyance.

— Ils vont me prendre pour un paysan ! marmotta-t-il, rageur. Ne pas avoir songé à me munir de ces petits cartons-là !

Il était trop tard pour le regretter. Le mal était fait. Il résolut d’oublier cet incident désagréable, et se leva pour rectifier dans une glace le nœud de sa cravate. Oui. Tout allait bien. En attendant qu’on vienne, il inspecta la pièce où il se trouvait.

C’était un petit salon meublé avec un luxe un peu criard, mais que Jean trouva superbe. Beaucoup de dorures, beaucoup de bibelots fragiles et coûteux. Des tapis épais où le pied s’enfonçait. Un lustre de cristal faisait miroiter ses facettes. Des moulures au-dessus des portes et au plafond. Il ouvrait, de grands yeux ; même en Avignon, il n’avait jamais vu plus beau !

Un bruit de pas l’arracha de sa contemplation. La porte s’ouvrit et M. Fousseret entra.

C’était un homme d’une cinquantaine d’années, encore vert, plutôt petit, au ventre bedonnant, sur