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LA VILLE AUX ILLUSIONS

— Merci. Quand il fait beau, je suis toujours contente. Je suis de la nature des chats, je pense : il me faut du soleil pour être heureuse.

Ils causèrent encore quelques instants, puis M. et Mme Fousseret arrivèrent à leur tour et l’on passa à table.

Le menu était recherché et les vins de choix. Dans cette atmosphère élégante, Jean ne se trouvait pas trop étranger et ne pouvait s’empêcher, au commencement, de s’en étonner un peu et de s’en réjouir… Puis, en buvant, les dernières brumes de sa timidité disparurent et il ne songea plus qu’au plaisir d’être devant une table délicatement servie, près d’une jeune fille pour laquelle il commençait à ressentir un intérêt persistant.

L’après-midi, ils allèrent en auto faire un tour au Bois de Boulogne, que Jean ne connaissait pas encore.

Dès lors, ils se retrouvèrent fréquemment. Le jeune homme fut invité à différentes reprises chez les Fousseret et chaque fois, il acceptait, heureux de retrouver la poupée brune qui semblait prendre à sa compagnie un plaisir si évident…

— Voulez-vous venir à l’Opéra avec nous, ce soir ? demanda Arlette. On joue Werther. Nous aimons beaucoup la musique de Massenet. Et vous ?

— Moi aussi ! s’empressa-t-il de répondre.

— Tant mieux ! J’en suis enchantée… Donc, à ce soir, huit heures… Papa déleste arriver en retard.

— J’y serai !

Les jeunes gens revenaient de faire du « footing » dans l’avenue du Bois de Boulogne, ils se séparèrent après une poignée de mains énergique.

Jean avait déjà fait quelques pas lorsque la jeune fille, soudain, le rappela.

— Ah ! Écoutez : vous savez sans doute ce détail, mais enfin, en qualité de parisien tout neuf, vous pourriez peut-être l’ignorer : le smoking est de rigueur, bien entendu…

— Naturellement…