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LA VILLE AUX ILLUSIONS

indiquée, où il trouva effectivement un smoking parfaitement à sa taille. Mais le commerçant exigea cinquante francs de location. Le jeune homme ne put s’empêcher de trouver que c’était un peu cher. Néanmoins, il s’exécuta, pensant :

— Bah ! je m’arrangerai… Ce mois-ci, je ne déjeunerai pas à huit heures, voilà tout…

Dès qu’il eut avalé son modeste dîner, il se dirigea vers l’avenue Hoche. La bise fraîchissait terriblement et sous son pardessus de demi-saison, il frissonnait un peu.

Quand il arriva, les Fousseret étaient prêts, ou presque.

Arlette, suivant son habitude, pénétra la première dans le petit salon, offrant aux yeux de Jean ébloui une silhouette jeune et élégante, drapée dans un mantelet d’hermine qui mettait en valeur ses cheveux lustrés et son teint doré.

— Maman est prête, expliqua-t-elle, en riant, c’est-à-dire qu’elle en a encore pour dix minutes à rechercher son sac, ses gants et sa cape… Mais, faites-vous voir ! continua-t-elle, rieuse, en lui saisissant les deux poignets et en l’écartant d’elle. Vous êtes magnifique, mon cher ! Jamais je n’aurais cru que le smoking vous allait aussi bien !

Sur le torse solide du jeune garçon, l’étoffe se moulait sans un pli. Jean n’osa pas lui raconter quelles difficultés il avait eues pour l’endosser convenablement, et surtout, ses hésitations au sujet de la cravate, qu’il ne savait pas nouer, et dont il ignorait la couleur : la fallait-il noire ou blanche ? Enfin, grâce à la complaisance de sa logeuse, tout s’était bien passé. D’ailleurs, il avait autre chose à faire qu’à se rappeler ces ennuyeux souvenirs ! il contemplait la jeune fille.

— Vous êtes magnifique aussi ! affirma-t-il.

Elle se débarrassa de son manteau d’un souple mouvement et apparut, délicieuse dans une toilette de tulle blanc qui la faisait ressembler à une mignonne ballerine.