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LA VILLE AUX ILLUSIONS

— Et vous ? Comment trouvez-vous ma robe, interrogea-t-elle, coquette.

Elle tournait lentement devant lui, cambrant la taille, les deux mains sur les hanches, et la tête levée vers Jean avec un sourire ensorceleur.

— Vous êtes… vous êtes délicieuse ! dit-il.

Elle lui lança un regard taquin.

— Vous voulez dire que ma robe est jolie… Je le dirai à la couturière… Elle sera très flattée…

— Vous savez bien qu’il ne s’agit pas que de votre robe ! s’écria-t-il, tout troublé. Vous êtes jolie comme une fée.

Elle éclata de rire.

— Comment savez-vous que les fées sont si bien que ça ?

L’entrée de Mme Fousseret, dans une robe de velours vert émeraude, et constellée de bijoux, le dispensa de répondre.

— Déjà là ? C’est très bien, mon enfant, vous êtes exact ! Arlette, ma chérie, va dire à papa que Monsieur Gardin est arrivé, et que nous sommes prêtes… Je suis sûre que Pierre est depuis dix minutes au moins à nous attendre…

Elle alla à la fenêtre, souleva le rideau et jeta un coup d’œil dehors.

— Là ! Qu’est-ce que je disais ? L’auto est ici. Mais mon mari, mon pauvre enfant, est toujours en retard…

Juste à cet instant, l’incriminé parut, bonasse, et misant bomber un petit ventre avantageux sous l’étoffe de son vêtement.

— Tiens ! vous voilà ? Comment ça va ? Eh bien, partons, si Pierre est arrivé…

— Il y a je ne sais combien de temps qu’il attend, remarqua Mme Fousseret, d’un ton de douce-amère.

— Mais, j’étais prêt, ma bonne amie, tu le sais bien… C’est toi qui…

— Naturellement ! C’était encore moi ! Enfin, la discussion n’a plus aucun sens : partons-nous ?

— Oui, oui, tout de suite ! se hâta de répondre