Page:Bernède - La Ville aux illusions, 1936.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
LA VILLE AUX ILLUSIONS

pas de si grands remerciements… Dois-je avouer que j’espérais vous voir ce soir ?

Cependant, Arlette avait prestement défait le ruban bleu et ouvert la boîte. Elle jeta une exclamation de plaisir :

— Oh ! des fruits confits ! Vous connaissez mes préférences.

Le vicomte des Aubrays, que M. Fousseret présentait, ainsi que Léonce, à Jean, se détourna et revint tout de suite vers la jeune fille.

— Naturellement !

La bonbonnière circula, et d’un commun accord, son contenu fut déclaré délicieux.

— Monsieur Bernard, dit Arlette au vicomte qui s’était assis à côté d’elle, allez-vous au Vernissage, demain !

— Bien sûr ! dit-il, en réajustant son monocle. Il paraît qu’il y a eu des envois intéressants… Comment trouvez-vous Van Dongen, Madame ?

Ils se mirent à discuter peinture, tandis que Peyronnet et Jean, muets, les écoutaient.

Jean, bien qu’il pestât intérieurement contre ceux qu’il qualifiait d’ « intrus », ne pouvait s’empêcher d’admirer et de jalouser la parfaite liberté d’allures, l’air dégagé et élégant en même temps de des Aubrays.

— La race revient toujours, ce n’est pas une blague ! pensa-t-il.

Enfin, l’entr’acte prit fin. Les deux hommes se retirèrent et le rideau se leva.

Mais, ils revinrent encore la fois suivante. Puis, par discrétion, sans doute, on ne les revit plus, et le jeune homme en fut intimement soulagé. Il avait comparé le jeune aristocrate avec lui-même, et il devait s’avouer que s’il avait une apparence physique autrement solide, il ne pouvait rivaliser avec le vicomte sur le chapitre de la distinction.

Il s’efforça de reprendre avec Arlette leurs conversations habituelles. Mais la jeune fille lui répondait à peine. Visiblement son esprit était ailleurs.