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LA VILLE AUX ILLUSIONS

— Oh ! non, je na le pense pas ! Seulement, il a une fièvre censément qu’il en déparle. Quand je suis entrée, il racontait je ne sais quelle histoire de chou-fleur et de chat à laquelle j’ai rien compris…

— Oui, fit la petite lionne, doctoralement. Je comprends. Il a le délire, quoi ! Je vais en parler à Menteur. Attendez une minute.

Elle disparut. Quelques instants plus tard, le docteur Bréviliers arrivait.

— Que me dit Léonie, madame Luchoux ? questionna-il. Vous avez un malade ?

— Oui, monsieur le docteur. Un jeune homme, au cinquième.

— C’est bon. Je vais aller le voir avant de me mettre à table. Montrez-moi le chemin, je vous prie.

Ils grimpèrent les trois étages qui séparaient les appartements confortables des minuscules chambres destinées aux domestiques et à ceux dont la bourse ne pouvait se trouver bien garnie.

— C’est là ! fit la concierge en ouvrant une porte.

Le médecin entra et s’approcha du lit. Jean, le visage très rouge, ne sembla faire, aucun cas de sa présence.

— Diable ! murmura le docteur Brévilliers.

Il se pencha sur le malade et l’examina avec attention. Quand il se releva, sa figure était soucieuse.

— Madame Luchoux, dit-il enfin, vous allez téléphoner tout de suite à l’hôpital Laënnec et vous prierez qu’on envoie une ambulance.

— Il est malade ?

— Je vous crois ! Une bonne fièvre typhoïde… Je vais lui faire tout de suite une injection…

À l’annonce de cette maladie, Mme Luchoux tourna précipitamment les talons, afin d’exécuter l’ordre de l’homme de l’art. Elle ne tenait pas outre mesure à rester en contact avec un malade de ce genre.

Une demi-heure plus tard, Jean, toujours sans connaissance était emporté dans l’auto sanitaire.

Pendant quarante jours, il resta entre la vie et la mort. Enfin, par un pâle jour de février, on lui