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LA VILLE AUX ILLUSIONS

— Une usine, rue de…

Elle rit et ce rire lui creusa dans chaque joue des fossettes de baby.

— Non, non ! Les bureaux seulement ! Les usines elles-mêmes sont à Aubervilliers.

— Je comprends !

— Et vous ?

— Étudiant en droit.

— C’est bien cela… Mais il faut beaucoup travailler, n’est-ce pas ?

— Très, répondit-il, intimement flatté.

— Vous êtes Parisien ?

— Non ! Je suis du Midi !

— Tiens ! C’est comme moi !

— Vraiment ?

— Je suis née près d’Avignon !

— Oh ! c’est épatant ! s’écria Jean, enchanté. Moi aussi, figurez-vous ! Je suis de Gréoux !

— Non ? Vous voulez rire ?

— Pas le moins du monde !

Elle se pencha vers lui, le visage radieux,

— C’est tout de même extraordinaire ! C’est que je suis aussi originaire de Gréoux !

Ils poussèrent ensemble des exclamations heureuses. Se retrouver de la sorte… deux pays… si loin… au même hôpital ! Décidément, le hasard avait bien fait les choses !

— Comment vous appelez-vous ? demanda-t-il.

— Marcelle Domègue !

— Parbleu ! Mais je vous ai connue quand vous étiez toute petite ! Et je connais bien votre mère, allez ! Elle était épicière à Gréoux, et c’est Mme Escobar qui l’a remplacée !

— C’est cela même ! Nous sommes allés habiter en Avignon… Mais, ajouta-t-elle tristement, maman est morte, voici deux ans…

— Elle est morte ?

— Oui… Je suis toute seule… C’est-à-dire que pour le moment, j’habite chez des cousins à papa. Ça ne vaut guère mieux que si j’étais chez des