Page:Bernède - La Ville aux illusions, 1936.djvu/72

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firmière-chef déclara qu’on devait, à cause des formalités, le garder jusqu’à l’après-midi.

Dans la matinée du lendemain, tandis qu’il faisait un tour dans le parc, il vit, assise sur un banc, et une canne à côté d’elle, Marcelle qui faisait sa première sortie. Un joyeux sourire illumina la figure de la jeune fille lorsqu’elle l’aperçut.

— Vous voyez, je suis presque guérie ! s’écria-t-elle. On m’a permis de sortir seule et de marcher un peu. Ma plaie à la cuisse est à peu près cicatrisée et celle de l’épaule va mieux depuis plusieurs jours.

— Moi, je vais tout à fait bien, répondit Jean. Si bien même, que je viens vous faire mes adieux… Je quitte l’hôpital…

Le petit visage pâlot blêmit davantage encore.

— Vous ne voulez pas dire que… que vous allez quitter l’hôpital, n’est-ce pas ? balbutia-t-elle.

Jean se mit à rire et s’assit à côté d’elle

— Si, c’est même exactement ça ! Pensiez-vous que j’allais rester ici jusqu’à la fin de mes jours ?

— Non, bien sûr… Mais… mais j’espérais que… que…

— Que quoi ? Que je serais plus gravement malade encore ? que je rechuterais ?

— Vous êtes méchant, aujourd’hui ! Vous travestissez ma pensée et vous le savez bien ! Je n’ai jamais eu l’idée, de dire d’aussi vilaines choses…

— Alors ?

— Alors… C’était très égoïste, je l’avoue. Mais j’étais si seule, avant votre arrivée ! ou plutôt avant que vous commenciez à venir dans la galerie… Mes cousins ne se sont jamais préoccupés de venir me voir… Je suis seule… seule… seule…

Elle laissa retomber ses mains avec découragement, tandis que des larmes qu’elle ne pouvait contenir roulaient sur ses joues blanches.

— Il ne faut pas dire ça, ma petite Marcelle, dit Jean en lui prenant affectueusement les doigts et en les enfermant entre les siens. Maintenant que nous nous sommes retrouvés, je serai pour vous un bon