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LA VILLE AUX ILLUSIONS

camarade, quelque chose comme un grand frère, si vous le voulez bien…

— Merci ! soupira-t-elle. C’est si bon de se dire qu’on n’est pas tout à fait seul sur la terre !

— Mais pour cela, continua l’étudiant, il ne faut plus pleurer… Je viendrai vous voir, moi, à mon tour…

— Oh ! j’espère bien ne pas rester longtemps ici, moi non plus… L’infirmière m’a dit ce matin en faisant mon pansement que dans huit jours j’aurais repris mon travail.

— Vous voyez bien ! Allons, ayez confiance, et faites-moi un beau sourire.

Marcelle obéit.

— Quand partez-vous ? reprit-elle, la poitrine encore lourde de peine.

— Cet après-midi. Mais donnez-moi votre adresse à Paris ; j’irai vous voir si je ne peux revenir avant votre sortie.

— Je n’en sais rien ; je vous ai déjà dit qu’il me faudrait louer une petite chambre par là. Laissez-moi la vôtre, vous, plutôt ; je vous écrirai et vous enverrai le renseignement.

— Entendu !

Il tira un bout de papier et un crayon de sa poche.

Elle prit le billet et le regarda attentivement.

— Oh ! je m’en souviendrai ! N’ayez pas peur… Mais, enfin, je le garderai quand même…

Elle le glissa dans son sac et reprit :

— Vous allez reprendre vos études ?

— Sans doute !

— Vous aimez ça ?

— Mais oui !

— Et qu’est-ce que vous ferez, quand vous aurez terminé ?

— Je serai un avocat… un grand avocat !

Elle ne put s’empêcher de rire.

— Bravo ! J’irai vous entendre plaider !

— Je vous prendrai comme secrétaire, plaisanta-t-il.