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Page:Bernanos - Les Grands Cimetières sous la lune.pdf/110

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LES GRANDS CIMETIÈRES

exécutés ou emprisonnés par la dictature, et ses meilleurs éléments dépouillés de leurs uniformes, et versés dans la troupe. — Mais, comme dit Kipling, cela est une autre histoire. Où que le général de l’épiscopat espagnol mette maintenant le pied, la mâchoire d’une tête de mort se referme sur son talon, et il est obligé de secouer sa botte pour la décrocher. Bonne chance à Leurs Seigneuries !

Vous pouvez d’ailleurs penser ce que vous voudrez du général Franco. Il est absolument certain qu’il n’aurait pas trouvé vingt-cinq Espagnols pour le suivre s’il avait commis l’imprudence de laisser entendre que le pronunciamento, présenté par lui comme une simple opération de police, durerait plus de trois semaines. Napoléon III était assurément un autre Monsieur que le général épiscopal. Si néanmoins le soir du 1er décembre, il avait pu prévoir que deux ans plus tard il se trouverait encore, avec une armée d’Italiens, d’Allemands, d’Arabes pouilleux sur les hauteurs de Montmartre, en train de bombarder Notre-Dame, la part de sang royal qu’il avait dans les veines lui fût remontée à la gorge, et il aurait fait reconduire à coups de pied dans le derrière, par le futur maréchal Saint-Arnaud, l’évêque assez dégoûtant pour l’assurer par avance de ses bonnes prières — à supposer que l’épiscopat français ait jamais compté dans ses rangs un tel