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Page:Bernanos - Les Grands Cimetières sous la lune.pdf/178

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LES GRANDS CIMETIÈRES

payé du sang chrétien leurs peintres, leurs sculpteurs, leurs orfèvres, leurs gitons et leurs catins. Ce qui me navre chez les successeurs, c’est qu’ils sont honnêtes et donnent tout pour rien. Il est vrai qu’il n’y a pas grand’chose à vendre. On ne peut maintenant que ridiculiser jusqu’au grotesque nos déceptions et nos malheurs.

Je veux bien que M. B. Mussolini dépasse Alexandre ou César. Mais, par respect pour sa personne et son génie, je refuse de me ranger parmi ceux qu’il méprise en secret avec son maître Sorel, que Proudhon, son autre maître, appelait justement « les Femmelins ». Ce grand homme, dans l’intérêt de son nouvel Empire, peut bien tirer le parti qu’il veut d’une tradition dont il n’entend nullement le sens, car ce sens est surnaturel. Je n’ai jamais douté que M. Charles Maurras ne fût plus que moi expert en théologie. Il est possible, après tout, que M. Mussolini ne lui cède en rien sur ce point. Mais ils ont tort de parler de Chrétienté. Le Christianisme réside essentiellement dans le Christ. Ni M. Maurras ni M. Mussolini ne sont chrétiens. Sans doute n’ai-je aucun titre pour approuver ou condamner les gens d’Église qui croient pouvoir escamoter la muscade de l’État totalitaire comme ils se vantaient jadis de subtiliser celle de la république démocratique. L’avant-dernier ralliement ne nous a pas eu. Le prochain ne nous aura pas davantage. D’ailleurs je sais par avance le sort de ces combinaisons utiles au temps des chancelle-