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Page:Bernanos - Les Grands Cimetières sous la lune.pdf/179

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SOUS LA LUNE

ries. On ne joue pas les Robert Houdin lorsque l’opinion publique braque sur vous de toutes parts les milliers d’appareils photographiques de la presse universelle. Vous aurez beau me dire ce que vous voudrez des mensonges de la Presse. Sa lecture n’en excite pas moins, non sans péril il est vrai, la faculté de jugement des pauvres diables. À quoi bon, d’autre part, caresser les politiques réalistes ? Attendez-vous d’eux des scrupules d’ordre sentimental ? Ils se vantent de leur ingratitude comme d’une vertu. Les cabotins de droite avaient déjà considéré comme un triomphe personnel la farce de l’Empire éthiopien. Après quoi ils ont dégluti la farce de la Croisade espagnole. L’Occident, dont M. H. Massis était jusqu’à présent le champion le plus en vue, vient de se découvrir un autre protecteur qui pour prix de ses services demandera, j’en réponds, autre chose qu’un siège à l’Académie. C’est le Japon, la Chrétienté japonaise, le chevaleresque Japon qui a gagné en Chine ses éperons d’or. Demain vous compterez un chrétien totalitaire de plus : M. Staline. M. Hitler, M. Mussolini, le Mikado, cela fera cinq sauveurs totalitaires, pourvu que l’on n’oublie pas l’autocrate portugais dont le nom m’échappe.

Je ne suis nullement ennemi de la force ni des méthodes de force. De quoi aurais-je l’air ! Je suis parti pour la guerre librement, non pas comme un chien qu’on fouette. Après avoir combattu quatre ans, pourquoi irais-je faire