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Page:Bernanos - Les Grands Cimetières sous la lune.pdf/188

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LES GRANDS CIMETIÈRES

j’attache beaucoup trop d’importance à un acte dont les auteurs n’attendaient rien d’autre que de rompre un silence chaque jour plus difficile à garder. « Vous blâmez les évêques de parler, vous les eussiez blâmés de se taire : d’ailleurs, il est vrai que les faveurs politiques de l’Église sont décevantes, elles n’auront cette fois déçu personne, à moins de soutenir que les Rouges étaient en droit d’y prétendre, ce qui, entre nous, serait assez paradoxal. » Mon Dieu, il y a rouges et rouges. Supposez que les gens de Valence l’aient emporté au bout de dix mois. Le rôle d’otage et d’intermédiaire auprès du gouvernement de demain, tenu aujourd’hui par le général Franco, l’eût été par les catholiques basques. J’entends cela d’ici :

« Admirable petit peuple qui, au milieu de la tourmente, a su rester fidèle à la parole donnée au pouvoir légitime (légitime en dépit de ses fautes car les chrétiens n’admettent pas la rébellion), et n’en a pas moins maintenu haut et ferme le drapeau de la foi, imposant à ses puissants alliés, avec le respect de sa tradition et de sa langue, la liberté absolue du culte, la protection de ses prêtres. À nous, catholique Euskadie ! Vous étiez avant la guerre civile, de toutes les provinces d’Espagne, la plus sociale et la plus chrétienne. Les Révérends Pères Jésuites y avaient prodigué les marques de leur zèle, investi d’énormes capitaux. Il vous appartient aujourd’hui de faire cesser le malentendu qui