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Page:Bernanos - Les Grands Cimetières sous la lune.pdf/189

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SOUS LA LUNE

a éloigné de Nous, pour un temps, les masses ouvrières de gauche. Vous venez de faire la preuve qu’on peut être tout ensemble fidèle à l’Église et à la Démocratie. Nous connaissons votre cœur, catholiques euskadiens, et la République a reçu de vous le témoignage de votre fidélité. À vous d’affirmer une fois de plus que si nous déplorons des excès trop souvent explicables, sinon, hélas ! justifiés par l’égoïsme des mauvais riches, nous ne partageons nullement les préjugés des partis rétrogrades, qui ont d’ailleurs toujours fait payer cher à l’Église leurs égards et leurs aumônes. Ceux qui veulent associer le destin de l’épiscopat d’Espagne à celui d’une rébellion militaire aujourd’hui vaincue, oublient que nous avons sacrifié jadis joyeusement la Monarchie Catholique à la Démocratie. Certes, nos prêtres ont péri cette fois par centaines, mais les martyrs appartiennent à l’Église et n’appartiennent qu’à Elle. Ils ont payé pour les fautes de tous, et si tous peuvent être participants aux mérites de leur sacrifice, quel homme, quel parti aurait le front d’en prétendre assumer l’honneur ? Catholiques basques, dites aux frères égarés, près desquels vous avez combattu, que si Notre Paternité embrasse l’ensemble des fidèles, sa sollicitude va d’abord aux classes laborieuses, et tout spécialement à la classe ouvrière. N’avons-nous pas protesté jadis contre la répression des Asturies ? Et pourtant l’homme d’État responsable de cette répression était l’un des nôtres, M. Gil Roblès. Comment nous a-t-on jamais crus capables d’approuver et de bénir