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Page:Bernanos - Les Grands Cimetières sous la lune.pdf/96

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LES GRANDS CIMETIÈRES

tions pas qu’ils étaient d’assez braves gens, en effet, vont sans doute répliquer les évêques espagnols, car la plupart de ces malheureux se sont convertis in extremis. Au témoignage de notre Vénérable Frère de Majorque, dix pour cent seulement de ces chers enfants ont refusé les sacrements, avant d’être expédiés par nos bons militaires. » C’est un fort pourcentage, je l’avoue, et qui fait grand honneur au zèle de Votre Seigneurie. Que Dieu vous le rende ! Je ne juge pas, pour l’instant du moins, cette forme de l’apostolat. Mais à supposer qu’on l’adopte prochainement de ce côté-ci de la frontière, avouez que j’ai bien le droit de me demander ce que nous pourrions en attendre, nous autres catholiques français ? J’écris ces dernières pages à Toulon. Supposons, par exemple, qu’à son retour de Salamanque, où M. Charles Maurras ne peut manquer d’aller saluer, un de ces jours, le généralissime Franco, l’auteur d’Antinéa entreprenne l’épuration préventive de sa ville natale, je doute que le curé des Martigues puisse espérer des résultats aussi consolants. Il conviendra donc probablement d’être plus rigoureux.

Vous pensez bien que je ne crois pas du tout M. Maurras capable d’exterminer la population martiguaise. Il continuera de partager ses laborieuses journées entre la rue de Verneuil, l’imprimerie du Croissant et — je l’espère — l’Académie dont ses prisons retentissantes viennent de lui ouvrir l’accès. Entre