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Page:Bernanos - Les Grands Cimetières sous la lune.pdf/97

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SOUS LA LUNE

deux portes du Palais Mazarin on l’entendra confier à M. le duc de La Force, malheureusement distrait par le courant d’air, quelque nouvel aspect du Pays réel, d’une France non moins imaginaire et poétique que la Provence de Mistral et dont le destin est de finir comme l’autre, dans un musée, dans un musée maurrassien. Il fallait à cette pensée plus tourmentée que violente, — sans cesse obsédée par l’objection et dans sa rage anxieuse de l’atteindre, de la briser, trop souvent manœuvrée par elle — la stimulation de la solitude où se fût retrempée à mesure, une volonté pathétique que toute action réelle menace de détendre, que déconcerte tout contact humain, cette espèce d’entêtement mystérieux dont le principe devrait être cherché au plus profond de l’âme, dans cette part réservée de l’âme où le seul regard de Dieu trouve accès. Nul de ceux qui jadis l’honorèrent, ne saurait le voir aujourd’hui sans tristesse reprendre les thèmes les plus usés de l’Ordre Moral, parler la langue des hommes du Seize Mai. La faiblesse des grands raisonneurs a toujours été de croire à l’opinion moyenne et d’espérer la séduire. Mais c’est elle qui finalement les dévore. Je crains d’ailleurs que M. Maurras ne soit encore, au seuil de la vieillesse dupe de prétendues supériorités sociales dont la pire imposture est de se prétendre solidaire de l’ancienne France, alors qu’elles n’en sont que les déchets, déchets que le vigoureux organisme eût jadis, sans doute, éliminé à mesure.