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Page:Bernanos - Les Grands Cimetières sous la lune.pdf/99

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SOUS LA LUNE

… Ni moi parce que, vivant, ma place sera plutôt ce jour-là dans quelqu’une des églises de Paris, dont le vieil homme inflexible, son travail achevé, son journal tout frais tiré dans la poche de son pardessus légendaire, remâchant ensemble les plus hautes leçons de l’Histoire et ses rancunes littéraires ou domestiques, a vu tant de fois surgir la grande ombre douce, à la pointe de l’aube, avec le bruit des voitures de laitiers. Mort, j’espère aller l’attendre à la porte que j’ignore, bien que nous n’aurions sans doute qu’à étendre la main pour en effleurer des doigts le seuil si proche, le seuil sacré. La dépouille de l’illustre écrivain, désormais glacée, recevra plus bas les services de M. de Borniol, et les hommages de vingt mille autres Borniol politiques et patriotes, vingt mille Borniol mâles ou femelles, avec leurs insignes, leurs oriflammes, leurs chants guerriers, vingt mille Borniol qui de génération en génération, depuis un siècle, portent gravement en terre, aux accents de leurs Marseillaises, les espérances de la Patrie.

… Mais quelle Paix dans les hauteurs…