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DES JÉSUITES

la loyauté est-elle encore de mise au camp adverse ? Et n’est-ce point là vouloir prouver un faux par un faux ?

Quant au manuscrit qui porte indûment le nom du P. Brothier, nous n’avons pas à nous y arrêter : c’est une pièce appartenant aux archives publiques du collège Louis-le-Grand dont le P. Brothier avait l’administration ; mais ce n’est pas un manuscrit du P. Brothier. Le célèbre bibliothécaire ne s’amusait point, qui l’ignore ? à copier des imprimés pour ses archives.

Sera-t-on plus heureux avec le premier manuscrit de Munich, celui que M. Vollet nous présente comme sortant du couvent des Cisterciens d’Anspach, mais qui provient en réalité, d’Alderspach ? C’est bien un jésuite, en effet, qui a transcrit la pièce, vers les dernières années du xviie siècle, au plus tôt. Mais voici que le bon copiste, pensant à la devise et à la vocation spéciale de la Compagnie de Jésus, n’a pu contenir ses sentiments, et sur le dernier feuillet, tout au bas, il a écrit de sa plus belle main, pour que nul ne s’y méprit : Per hæc non potest laudari Deus ; ce n’est point avec cela que l’on peut procurer la gloire de Dieu[1]. M. Vollet n’a point cité cette finale, qui suffit à renverser sa thèse.

Ainsi, de tous les exemplaires manuscrits que possédaient, pour leur défense, et dans leurs archives publiques, les maisons de la Compagnie, aucun n’apparait à l’état de document secret, aucun n’a été copié de la main d’un jésuite, un seul excepté, que le transcripteur a pris soin de stigmatiser, et tous sont de date récente. Ce

  1. Duhr, Jesuiten-Fabeln, 3e éd., p. 119.