Page:Bernard-Pradon - Le Commerce galant.djvu/110

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En verité, je veux éviter tant que je pourray de vous craindre, puis que la peur d’aimer ſait perdre la tranquilité ; je la tiens pire que le mal meſme. Aprés tout, je crois que l’on eſt aſſez embaraſſée de trouver un Amant maître de ſon cœur ; mais enſin l’affaire eſt faite, & je crois que l’on goûte quelque repos lors qu’on n’a plus rien à ménager. Mais qu’un jeune cœur s’expoſe à de cruelles allarmes, lors qu’il ne s’eſt jamais expoſé ? Que je vois pour luy de crainte, de perils & d’inquietudes dés la premiere ſois qu’il ſe laiſſe attaquer ? Pourquoy ſans neceſſité expoſer le mien à tous ces embarras ; ce ſeroit une folie ; Non, il n’en ſera rien, reprenez plûtoſt voſtre indifference, elle ſera une bonne caution de la mienne, que je ne dois pas riſquer pour ſauver voſtre tendreſſe naiſſante. Que cela eſt raiſonnable ? & cependant je ne me puis reſoudre à perdre