Page:Bernard-Pradon - Le Commerce galant.djvu/141

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qu’un peu de tendreſſe effective n’auroit conſolé de la tendreſſe en peinture, dont vous avez renpli vos deux dernieres Lettres. Il eſt vray que voſtre air a quelque choſe d’aſſez tendre, de ſorte que l’on ne ſçait pas trop où l’on en eſt. Prenez le meſme air dans vos Lettres, vous devez adoucir le feu & le brillant de voſtre eſprit par un peu de tendreſſe, & enfin badinez un peu plus ſerieuſement. Laiſſez conduire à voſtre cour les mouvemens de vôtre eſprit : mais ſur tout, apprenez-moy avant mon départ dans quelle ſituation je ſuis chez vous ; j’en ſuis peut-être bien éloigné, cependant quoy qu’il en puiſſe arriver, parlez, dites-moy hardiment un je vous haïs, ſi vous n’oſez pas me dire un je vous aime ; peut-être le premier me ſera-t-il moins funeſte que le ſecond ; qui me coûtera ſans doute tout le repos de ma vie. Réponſe au plutoſt.