Page:Bernard-Pradon - Le Commerce galant.djvu/46

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que je conſens que vous l’attaquiez. Je ne ſçaurois répondre de luy ſur la foy de ſon indolence paſſée. Comme on n’a jamais attenté ſur ſon repos, ce n’eſt pas merveille s’il a conſervé juſques icy ſa tranquilité, il eſt fort à propos que je le mette à l’épreuve pour en connoiſtre du moins le caractere. La curioſité eſt un peu hardie, & je pourrois m’en trouver mal : Mais enfin, je crois qu’il vaudroit autant l’avoir perdu que de craindre toûjours de le perdre & de n’oſer s’en ſervir à rien. L’incertitude où je ſerois de n’en connoître pas le fort & le foible, m’embarraſſeroit eternellement ; c’eſt tout ce que la tendreſſe pourroit faire ; & embarras pour embarras, je prefere celuy qui a la reputation d’eſtre le plus agreable. Aprés tout, il n’eſt pas perdu pour eſtre riſqué, je pourray m’en tirer avec honneur. Mon cœur,