Page:Bernard-Pradon - Le Commerce galant.djvu/81

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mois un peu moins, j’aurois trouvé la Lettre d’Iris à l’Amour plus que charmante, mais enfin, je commence à m’appercevoir que tant d’eſprit ne ſait que chagriner quand le cœur n’a point de part à l’affaire. Noſtre commerce a commencé par un jeu d’eſprit à la verité, mais je ſens bien que mon cœur s’eſt mis malgré moy de la partie ; & que ſi le voſtre ne le ſeconde, il pourra mal paſſer ſon temps. Encore ſi j’avois la meſme force ſur le mien, que vous avez ſur le voſtre ; ſi j’eſtois auſſi tranquille que vous, la partie ſeroit plus égale ; ou ſi vous ſentiez autant d’émotion que moy, elle ſeroit plus raiſonnable & plus complette. Le trouble & le deſordre où je me trouvay hier en vous voyant, eſtoient bien plus éloquens que mille Lettres comme la voſtre (toute ſpirituelle qu’elle eſt.)