Page:Bernard - Étude sur les marais de la Vendée et les chevaux de Saint-Gervais.djvu/18

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descendants à qui il avait transmis ses bonnes qualités. La saillie s’opérait en liberté dans les pâturages, et l’étalon de M. Dupaty jouissait au plus haut point de la propriété fécondante ; ce qui devait être, en effet, car nous savons que la faculté prolifique est le propre du tempérament lymphatique, chez qui toutes les sécrétions sont augmentées. Le cheval dont nous parlons, livré au régime exclusif des prairies, ne pouvait être que sanguin-lymphatique. Cette souche, près de s’éteindre quelques années avant, se régénéra en peu de temps. Elle devint belle et nombreuse. Vivant sur des herbages que les guerres civiles avaient dépeuplés, elle acquit un développement que rendraient impossible de nos jours le morcellement des propriétés, la grande quantité d’animaux qui les couvrent, et le dessèchement plus complet du marais. Dans cette seconde phase, l’élevage acquit aussi une grande importance. Le gouvernement le favorisait en distribuant des primes que se disputaient par leur belle conformation les fils de l’étalon précité. Ce solipède lui-même fut porté en triomphe pour récompenser ses nombreux services. Mais il était dans sa destinée d’avoir une fin malheureuse : né pendant les séditions, elles firent sa gloire ; mais une nouvelle insurrection et la mort de son maître causèrent sa perte. Il termina sa carrière comme l’avait à peu près commencée un demi-siècle avant l’illustre Godolphin-Arabiam : attelé au chariot d’un poissonnier, il laissa, comme ce dernier, une liguée nombreuse, moins brillante il est vrai, mais qui avait aussi sa place dans les écuries impériales.