Page:Bernard - Brutus.djvu/19

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Un Roy qui de nos loix tient ſon autorité,
Coupable ou vertueux doit être reſpecté.
Mais bravant & nos loix & ces loix ſi ſacrées
Par la Nature même aux mortels inſpirées,
Malgré la voix du ſang que dans d’affreux climats,
Des cœurs à peine humains ne méconnoiſſent pas ;
Tarquin oſe arracher le Sceptre à ſon beau-pere,
Et ſans craindre les yeux du Soleil qui l’éclaire,
Sans craindre pour témoin tout le peuple Romain,
Tarquin à ſon beau-pere oſe percer le ſein,
Oſe jetter mourant du haut d’un Trône auguſte
Des mortels le plus Grand & des Rois le plus juſte.
Pour ajoûter encore à l’horreur de ces coups,
La fiere Tullia digne d’un tel époux,
Se hâtant d’aller prendre un fatal Diadême,
Precipite ſon char d’une vîteſſe extrême,
Et fait par ſes chevaux ſoudain ſaiſis d’effroy,
Fouler le corps ſanglant & d’un pere & d’un Roy.
Aprés de tels forfaits je puis taire le reſte,
Les premiers attentats d’un orgueil ſi funeſte,
La ſœur de Tullia, le frere de Tarquin,
Dont un poiſon ſecret avança le deſtin,
De leur ambition déplorables victimes,
Dans cette affreuſe hiſtoire à peine ſont des crimes.
Tels ſont Octavius les legitimes Rois,
Dont vous venez icy repreſenter les droits.
Ah ! nul encor chez nous par cette infame voye
N’avoit de la Couronne oſé faire ſa proye ;
Un Roy qui le premier regne contre la loy,
D’un peuple vertueux ſera le dernier Roy.

VALERIUS.

Seigneur, à ces raiſons qui font nôtre deffenſe
J’ajoûte des Romains la longue patience,