Page:Bernard - Brutus.djvu/44

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S’il garde vôtre cœur quand j’aurai vôtre foy,
Il eſt en vous perdant plus malheureux que moy.

AQUILIE.

Plus malheureux que vous ! Gardez-vous de le croire.
J’aurai ſes déplaiſirs gravez dans ma memoire.
Je ne le verrai plus ; mais mes yeux & mon cœur
Jour & nuit occupez à plaindre ſon malheur,
Empoiſonnant l’hymen, où vous croyez des charmes,
Vous feront envier ſes ſoûpirs & ſes larmes.

TIBERINUS.

Ingrate, il eſt donc vrai que vous pouvez l’aimer.
Vous oſez m’avoüer qu’il a ſçû vous charmer.
Je ſçai depuis long-tems que vôtre cœur l’adore,
Cependant malheureux j’en ſuis ſurpris encore.
Quand j’en voulois douter, vous me le declarez.
Je ne balance plus, & vous en ſouffrirez.
Peut-être que mon cœur ému par vôtre plainte,
Euſt differé l’hymmen où vous ſerez contrainte ;
Mais puiſqu’un autre amour vous y fait reſiſter,
Mon juſte deſeſpoir ne peut rien écouter.
Je vous ſuis odieux ; il faut que vôtre peine
Soit d’épouſer l’objet de vôtre injuſte haine.
Je vais d’Aquilius en ce même moment
Obtenir pour l’hymen un prompt conſentement.<poem>



Scène VII.



AQUILIE.

<poem>À sa menace, ô Ciel ! ſerai-je ſans réponſe ?
À l’hymen de Titus faut-il que je renonce ?