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Page:Bernard - Eleonor d Yvree.djvu/32

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Lors qu’Eleonor fut ſeule, elle s’abandonna au plus violent deſeſpoir. Elle n’avoit aucun parti à prendre, qui ne lui paruſt funeſte ; elle voyoit un Pere & un Frere oppoſez à ſon inclination ; comment leur deſobeir, ou comment leur obeir ? Elle ne put d’abord ſe déterminer qu’à faire ſçavoir à ſon Amant l’extremité où elle ſe trouvoit reduite, ſans ſçavoir preciſément quel ſecours elle vouloit tirer de lui.

Elle fut toute la nuit dans cette reſolution, ou plûtoſt, dans cette incertitude ; mais quand elle en vint à l’execution, elle ne ſuivit que ce que la raiſon lui inſpira. Elle ne lui écrivit que pour rompre l’engagement de cœur où ils étoient enſemble ; pour renoncer à tous les plaiſirs de ſa vie ; enfin pour lui dire le dernier adieu, & le prier de ne lui donner plus de marques de ſa tendreſſe ; mais elle ne put s’empêcher de le conjurer en même temps de ne l’oublier jamais.