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Page:Bernard - Eleonor d Yvree.djvu/56

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de Miſnie, & qu’il vous aimeroit, vous ne me donneriez pas une plus grande inquietude. Matilde ne lui répondit rien, & elles garderent là-deſſuz un profond ſilence, qui fut ſuivi d’un torrent de larmes qu’elles verſerent l’une & l’autre.

Il eſt donc vray, reprit Eleonor, que le Duc de Miſnie m’oublie, & que c’eſt pour vous ? Ne me reprochez rien, lui dit Matilde. Vous m’avez engagée à l’aimer, & je vous ay ſacrifié mes ſentimens, tant que j’ay cru que vous l’aimiez. Je vous y ay engagée ? Moy, reprit Eleonor ? Ouy, continua Matilde, vous me faiſiez inceſſamment remarquer ſon merite, & pouvoit-on l’admirer trànquillement ? Hé ! que ne m’avertiſſiez vous de vos ſentimens, lui dit Eleonor ? Je vous faiſois part de tous les miens, & vous gardiez tous les vôtres. Helas ! lui dit Matilde, je ne les connoiſſois point. J’aimais déja le Duc de Miſnie, & je