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Page:Bernard - Eleonor d Yvree.djvu/57

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croyois ſeulement le trouver aimable. Je m’imaginois que tous les mouvemens de mon cœur n’eſtoient que de l’eſtime, & ce qui m’empêchoit le plus de ſoupçonner que je l’aimois, c’eſt que je vous aimois auſſi. Je n’avois point pour vous des ſentimens de Rivale, je vous aimois, vous & votre Amant enſemble. J’ai eu lieu de penſer que vous l’abandonniez pour le Baron d’Hilmont, il l’a penſé comme moi. Ainſi, lui dit triſtement Eleonor, vôtre paſſion eſt à preſent mutuelle ? Il croit m’aimer, reprit Matilde, mais il ne le croira pas long-temps. Helas ! ajouſta-t-elle en regardant Eleonor, qui avoit le viſage couvert de larmes, ce n’eſt point à vous à pleurer. Quand il vous croyoit infidelle, peut-eſtre avoit-il plus de plaiſir à vous regretter avec moy qu’avec une autre ; mais s’il vous retrouve, il me ſouffrira bien moins qu’une perſonne indifferente. Il